En plus de la douleur et de la fatigue de nombreux Français, souffrant d’un handicap ou d’une maladie chronique, sont isolés. Qu’elle soit construite ou subie, la solitude toucherait 32 % d’entre eux (contre 22 % de la population générale) selon une récente étude du CREDOC menée pour la Fondation de France.
Les 4 types de solitude
Parce que chacun a sa propre perception de l’isolement, le CREDOC en a identifié 4 types.
L’isolement assumé
Pour certains, c’est un choix de vie pleinement assumé, même avant le début de la maladie ou du handicap. Les contacts avec les autres sont choisis, sélectionnés, et la pathologie apparaît parfois comme un moyen d’éviter les contacts non désirés ou trop envahissants. Cette situation est volontairement mise en place par ceux qui ont besoin de temps pour eux et qui n’ont pas forcément besoin d’une vie sociale riche pour être heureux.
La solitude de défiance
Les personnes malades ou handicapées ont souvent besoin d’aide et de soutien. Lorsque leurs proches ne sont pas en capacité de les accompagner, ou n’ont pas la disponibilité attendue, certaines personnes se protègent de la déception et du sentiment d’abandon en s’isolant, préférant, en quelque sorte, être seules plutôt que “mal accompagnées”. Il est très difficile de renouer du lien social avec ces dernières, car, bien souvent, elles n’ont pas conscience (ou ne peuvent pas accepter) d’être en partie responsables de leur situation.
L’isolement en repli
Lorsqu’une personne a déjà des relations sociales fragiles, l’annonce de la maladie ou du handicap peut encore venir diminuer son habileté sociale et la plonger dans la solitude. Cette situation est alors source de grande souffrance car elle se retrouve démunie, sans solution pour en sortir. Toutes les initiatives extérieures ou tous les plans de lutte contre l’isolement pourront aider ce genre d’individu à retrouver une vie sociale épanouissante.
La solitude contrainte
Dans ce cas de figure, l’isolement est dû à la nature même de la maladie ou du handicap. La pathologie (généralement psychique) les empêche de s’ouvrir aux autres. Ceux pour qui la maladie occasionne de grandes fatigues, de vives douleurs ou des limitations physiques peuvent également être concernés car, en dépit de leur volonté, les relations sociales restent entravées.
Des outils et des acteurs pour sortir de l’isolement
La solitude des personnes fragilisées est aujourd’hui un vrai enjeu de société. Plusieurs acteurs se sont donc saisis du sujet.
Les acteurs de la lutte contre l’isolement
Premiers acteurs contre la rupture sociale, les professionnels de santé sont généralement les interlocuteurs privilégiés des personnes isolées (à 74 %), devant même leur famille (63 %). Le médecin, l’auxiliaire de vie ou l’infirmière sont parfois les seuls avec qui discuter de toute la journée. Ils constituent donc des acteurs sociaux majeurs, mais généralement à défaut d’alternative.
La famille, les proches et les aidants sont le deuxième interlocuteur de référence. 8 personnes sur 10 déclarent avoir besoin d’aide dans la prise en charge de leur pathologie. Bien souvent, cette aide est demandée à la famille, même si 51 % des personnes isolées limitent les contacts avec leurs proches par crainte d’être un poids.
Enfin, dernier acteur important dans la lutte contre la solitude : les associations. Certaines d’entre elles proposent des programmes spécifiquement conçus afin de sortir les plus vulnérables de l’isolement. Des cafés-rencontres, des sorties, des groupes de parole et des activités peuvent leur redonner confiance et faciliter leurs relations sociales.
Les outils de socialisation
Le facteur humain n’est pas le seul à contribuer à la réhabilitation sociale des plus fragiles. Le travail est, lorsque la pathologie le permet, un des meilleurs outils de socialisation. En plus de confirmer leurs capacités et possibilités de réalisation personnelle, l’emploi va les amener à nouer des liens avec leurs collègues et leur donner les moyens financiers de mener une vie sociale active.
Autre outil très utilisé : le numérique. 44 % des personnes en situation de handicap ou souffrant de maladie chronique sont en contact vocal avec leurs proches plusieurs fois par mois grâce au téléphone ou aux technologies de visioconférence, 40 % le sont par écrit (réseaux sociaux ou mail). S’il ne remplace pas le manque de contact direct, il permet néanmoins de rompre momentanément l’isolement ou de garder un contact fréquent avec ses proches.